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§ I. — LES SORCIERS


Le sorcier tient toute sa puissance de l’esprit du mal, du démon. C’est un homme qui a conclu un pacte écrit avec le diable. En échange de son âme, le sorcier obtient des pouvoirs fort variés, souvent même la richesse. L’esprit mauvais rend souvent visite au sorcier. On entend alors les tuiles et les vitres trembler ; des éclats de rire formidables éclatent dans la maison, qui paraît embrasée à l’intérieur.

Le sorcier peut jeter des sorts sur ses ennemis, faire mourir les bestiaux, détruire les récoltes, amener le vent, la pluie, la grêle, le tonnerre, empêcher le beurre de se former, faire tourner le lait, envoyer des poux et des puces, etc., etc. Par contre, s’il peut faire le mal, il peut aussi faire le bien : guérir des maladies par l’emploi de mots cabalistiques, de plantes connues de lui seul ou par des opérations bizarres pratiquées sur des animaux.

Les sorcières aiment-elles un jeune homme, elles n’ont qu’à vouloir et le jeune homme vient malgré lui se coucher auprès d’elles. Le lendemain il n’en a aucun souvenir si elles ont eu soin d’enfoncer cinq épingles dans une chandelle allumée en prononçant certaines paroles consacrées.

Les sorciers et les sorcières vont au sabbat le samedi à minuit et reviennent avant le chant du coq. Ils jouissent de la faculté de prendre la forme de certains animaux : loups, chiens, chats, chèvres, moutons, etc. Ce sont les animaux sorciers.

Les histoires qu’on raconte sur les sorciers sont nombreuses. Je n’en donne ici que trois ou quatre choisies parmi celles que j’ai recueillies jusqu’à présent.