Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/104

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la danse commençait pour ne finir qu’au matin. Ce moment arrivé, les rondes cessaient, les sorcières prenaient leurs livres d’enchantements déposés dans les buissons ; puis elles retournaient auprès de leurs maris endormis qui ne se doutaient de rien.

Mais un jour, il arriva qu’un paysan ayant remarqué la lueur bien connue des lanternes dans le bois d’Orville, la fantaisie lui prit de savoir à quoi s’en tenir sur ces lumières et en même temps sur les assemblées des fées et des sorcières.

Il fit le tour du bois et y étant arrivé, il se glissa en rampant dans les broussailles jusqu’à ce qu’il se vit auprès des sorcières. Tapi dans un buisson, il put examiner à loisir l’assemblée réunie par le Diable. Parmi les danseuses, il remarqua l’une de ses voisines du village et il l’entendit raconter à Satan qu’elle avait jeté un sort sur les bestiaux d’Orville, afin de se venger du nom de sorcière que lui avait donné cet homme ; elle ajouta que les bestiaux en étaient morts aussitôt. Les sorcières s’étant avancées de son côté, le paysan dut s’éloigner quelque peu toujours en rampant ; tout à coup il sentit un livre sous sa main :