L’homme se baissa et sentit un poids énorme le charger, tandis que deux bras, froids comme la glace, les bras de sa fille, s’enroulaient autour de son cou.
— « Maintenant, en avant, père ! il faut nous hâter. Je dois reprendre ici ma place avant le lever du jour. Hâte-toi ! »
S’embarrassant dans les tertres des tombeaux, dans les arbustes et les grilles, l’homme s’avança néanmoins et réussit à sortir du cimetière. Puis, s’aidant de son bâton, il prit la route d’Albert, le chemin du pèlerinage.
C’était vraiment une nuit terrible ; des lutins, des fantômes partout, à tous les carrefours, au pied de chaque croix plantée au bord du chemin.
Au bout d’une demi-heure de marche, le paysan, fatigué du poids énorme qu’il lui fallait porter, n’en pouvait plus de lassitude. Il voulut se reposer un instant auprès d’un rideau (talus).
— « Non, père ; non. Marche toujours ; je veux être de bonne heure à la chapelle de Notre-Dame de Brebières. Allons, courage ; hâte-toi ! »
Le paysan continua sa route, portant toujours le corps de sa fille. Sur le chemin on ne voyait que des groupes de fantômes et de revenants hur-