Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/133

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champs et des bois. Il vint un jour s’établir dans la vallée de la Somme, au beau milieu des païens, bâtit sa hutte dans les marais, convertit les habitants et se fit aimer de tout le monde.

Mais une chose manquait à son bonheur : il était surtout peiné de ne voir aucun rossignol dans le pays où il s’était établi. Comment les rossignols y auraient-ils vécu du reste ? Ces oiseaux ne vivent que dans le pays où l’homme prend plaisir à les écouter, et les pauvres gens des alentours, minés par les fièvres de marais, ne songeaient aucunement aux chants pourtant si doux des rossignols.

Saint Séverin pria la bonne Sainte Vierge d’envoyer une jolie fleur qui pût assainir les marais, guérir les hommes, et par là permettre à ces derniers de se réjouir du chant des oiseaux.

Le lendemain, à son réveil, saint Séverin trouvait le marais tout couvert d’un tapis bleu de ciel, formé par une innombrable quantité de lis bleus ; le marais cessait de corrompre l’air et des nuées de rossignols, de pinsons, de fauvettes venaient s’établir dans la vallée de la Somme, accomplissant ainsi le vœu du bon ermite.