Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/15

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Et loup et lutins se mirent à tourner, à tourner dans une danse folle, délirante. Jamais le ménétrier ne s’était vu à pareille fête : les lutins étaient si beaux et ils dansaient si bien ! Et puis il n’était pas fâché de voir Compère le Loup en si bonne compagnie !

Et la ronde durait toujours, et Din-Don frappait sans relâche le pauvre loup pour lui faire suivre la danse, et le violoneux jouait sans aucune fatigue des airs de plus en plus joyeux et de plus en plus beaux qui lui venaient sous son archet il ne savait trop comment.

Au bout d’une heure de cette danse échevelée, le loup tomba mort sur le gazon ; les lutins prirent son cadavre et le jetèrent dans le taillis. Puis ils reprirent avec une nouvelle ardeur leur danse interrompue. Comme le ménétrier, les goblins, les houppeux, les fioles et les herminettes semblaient ne ressentir aucune fatigue et s’animer davantage encore, s’il était possible, dans leur ronde passionnée.

Tout à coup, une herminette venant du dehors sortit du fourré, passa dans le cercle des danseurs, et dit quelques mots à voix basse à Din-Don.

Ce dernier s’arrêta, fit un signe et la danse cessa.