Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/52

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— « Holà ! Holà ! lutins, génies de l’air et génies des eaux ! fioles, herminettes, goblins, houppeux, minons, rouliers[1] ! arrivez vite et épandez par tout le champ ces tas de fumier. Hâtez-vous, surtout ! »

Des milliers de lutins et de génies, de toutes formes et de toutes espèces envahirent le champ, et en quelques minutes eurent terminé la tâche que le diable venait de leur assigner. Sur un signe de ce dernier, ils disparurent, l’ouvrage accompli. Puis le petit homme vert s’en alla à son tour, en disant à la jeune fille :

— « À demain matin, ma belle. Point de paresse et ne me fais pas attendre ! »

La jeune paysanne retourna joyeuse à la ferme.

Le père fut bien surpris de la voir revenir si vite.

— « Comment, tu rentres déjà ? Tu ne veux donc pas m’obéir ? Retourne au champ, fais le travail que je t’ai indiqué, sinon…

— Mais, mon père, ce travail est terminé ; je me suis hâtée, voilà tout. Du reste, tu peux voir d’ici si j’ai fini ma tâche. »

Le champ était situé sur la colline et s’aper-

  1. Voir le chapitre relatif aux lutins.