Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/76

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deux longues heures Courentassé, qui ne cessait d’implorer sa grâce. Quand il eut fait les mêmes promesses que Jean-Marie et Délicoton, il put partir.

À dater de ce jour, le forgeron resta en paix avec les diables, qui craignaient à juste titre les dons merveilleux dont le Seigneur l’avait doté…

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Trente ans plus tard, le paysan mourut… Il lui fallut trouver dans l’autre monde un endroit où y passer l’éternité… Il alla frapper à la porte du paradis.

— « Pan, pan !

— Qui es-tu et que veux-tu ? lui dit saint Pierre en entrebâillant la porte.

— Je suis un forgeron, le forgeron d’Acheux. Je voudrais une petite place dans le paradis ; on y doit être fort bien, si ce que dit monsieur le curé d’Acheux est la vérité !…

— Certes, on y est fort bien… Mais, pour une place, il n’y en a pas pour toi. Quand le bon Dieu te donna trois souhaits à former, tu pouvais lui demander le paradis à la fin de tes jours ; tu ne l’as pas fait et tu as demandé des choses bien différentes ; tant pis pour toi !… Va-t’en ! »