Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/78

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Le forgeron entra dans le paradis par la porte entr’ouverte et gagna le beau milieu de ce séjour. Saint Pierre voulut le forcer à en sortir, mais, comme le dit le paysan, une fois en paradis on ne peut en sortir, et l’on dut laisser le forgeron où il s’était installé.


(Ce conte m’a été dit en décembre 1877, par M. Alfred Haboury, d’Acheux [Somme]).

V

le bonhomme misère et son chien pauvreté



Au carrefour de deux chemins restait, il y a longtemps, bien longtemps, un pauvre forgeron qui vivait tant bien que mal, un jour suivant l’autre, des quelques sous qu’il gagnait à ferrer les chevaux, les mulets et les ânes des voyageurs qui passaient devant sa porte. Il était si malheureux qu’on l’avait nommé bonhomme Misère. Son chien, qui partageait sa mauvaise fortune, avait été appelé Pauvreté. Misère et Pauvreté vivaient bons amis, comme il sied à des