Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/86

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Misère prit les trente mille écus, aussi heureux que le diable, qui, cette fois, croyait le tenir.

Au bout des dix ans, ce dernier revint à la maison du bonhomme Misère. Celui-ci l’attendait en fumant sa pipe sur le seuil de la porte. Il se mit à rire en voyant venir le démon.

— « Bonjour, Misère. Qu’as-tu donc à rire de la sorte ? Et qu’est-ce que cette bourse que tu tiens à la main ?

— Bonjour, Satan. Je riais en songeant à un vieux radoteur qui, tout à l’heure, me disait que vous pouviez vous faire petit, petit, jusqu’à entrer dans cette bourse.

— C’est donc si difficile ? Ouvre ta bourse et vois. »

Et le diable devint tout petit. Le forgeron le prit et l’enferma dans la bourse.

— « Eh bien ! vois-tu, dit le diable, que je peux devenir, à ma volonté, si petit qu’il me plaît ?

— C’est fort bien. Mais peux-tu sortir de ma bourse ? »

Le diable essaya, mais inutilement. Il s’aperçut qu’encore une fois il était la dupe du forgeron.

— « Maintenant, à nous deux, maître Satan.