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Page:Carnoy - Nicolaides - Traditions populaires de l’Asie Mineure, 1889.djvu/18

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2 TRADITIONS DE L'ASIE MINEURE

« Pourquoi es-tu affligé ? demanda-t-il.

— Hélas ! ma mère et ma sœur sont dans la misère, et je suis pauvre. Ce m’est une grande douleur de voir ma petite mère exténuée de fatigue et ne pouvant cependant nourrir convenablement ma sœur bien-aimée !

— Jeune homme, cesse d’être triste. Lève-toi ; va dans la campagne ; ta fortune est cachée sous un vieux noyer. »

Ayant ainsi parlé, l’inconnu disparut.

L’enfant s’éveilla.

« Que je suis malheureux ! s’écria-t-il. Ceci n’est qu’un songe, qu’un rêve trompeur ! »

Et de nouveau, il se laissa aller à la tristesse et il maudit la mauvaise étoile qui prenait plaisir à le tourmenter, même durant son sommeil.

S’étant endormi, il revit en songe l’inconnu.

« Pourquoi t’affliger encore ? Va dans la campagne et tu y trouveras la fortune.

— Étranger, qui es-tu ?

— Qu’importe mon nom !... Lève-toi ! »

L’enfant encore s’éveilla, et encore il se remit à pleurer.

« Hélas ! dit-il, combien vrai est ce proverbe turc : " Une poule affamée se voit en songe dans le grenier à l’orge ! » Je suis misérable, et voilà que je ne rêve que de fortune soudaine ! »

Et il se rendormit.