Page:Caro - Essai sur la vie et la doctrine de Saint-Martin, 1852.djvu/226

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qu’avec des hypothèses » pour spécieuses qu’elles soient , nous ne le franchirons pas.

Cette théorie des monades explique à nnerveilie la vie dans les corps , le principe organique , le lien secret des molécules» leur propriété d’action et de réaction. Hais elle échoue inévitablement» quand elle prétend expliquer le corps et l’étendue. Leibnitz lui-même s’est brisé à cet infranchissable écueil.

. Si ce qui constitue l'être physique est force et unité, si toute force est nécessairement une, si toute unité véri- table est active, indivisible, inétendue par là-méme, si la monade résulte de la compénétralioo intime de ces deux éléments, la force et l’unité, comment comprendre que des monades puissent former l’univers, l’indivisible pro- duire l’étendu ? Comment concevoir que des êtres spiri- tuels, et par conséquent inétendus, forment l’étoffede la matière ? Leibnitz a fait de grands efforts pour se satis- faire sur cette question , et il les a faits en pure perte. L’idéalisme sort irrésistiblement de toutes les solutions qu1l propose. Il faut un second terme qui s’unisse à ce premier terme spirituel et indivisible pour produire la matière. Où se trouvera ce second terme ? Sera-ce dans le vinculum substantiale , ce lien substantiel, celte chose vague et indéfinie que Leibnitz a trouvée dans un effort suprême de dialectique, pour résoudre des difficultés théo- logiques sur l’Eucharistie ? Sera-ce dans ce quelque chose très- vague encore et très-indéterminé , qu’il appelle ail- leurs la masse ou la matière première ? On pourrait le sup- poser ; on pourrait croire que Leibnitz a trouvé enfln l’élé- ment substantiel de la matière, s’il n’avait pas pris soin de se réfuter lui-même, et à plusieurs reprises, en répé- tant que ce qui n’est pas monade est pur phénomène, et