Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/122

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les ténors aigus qui dominent l’ensemble. « Je ne sais quel esprit de l’air les met d’accord avec le son des cloches des Camaldules… D’autres chants se mêlent à ces bruits : ce sont les refrains des paysans épars dans la campagne… Les basses continues sont dans le bruissement lourd des pins démesurés et d’une cascade qui recueille les eaux perdues des ruines. Puis il y a les cris des oiseaux, des vautours, et des aigles surtout. » En écoutant tout cela, Valreg poursuit une idée qui l’a bien souvent frappé dans ces harmonies naturelles que produit le hasard ; par cela même qu’elles échappent aux règles tracées, elles atteignent à des effets d’une puissance et d’une signification extraordinaires ; elles remplissent l’air d’une symphonie fantastique qui ressemble à la langue mystérieuse de l’infini.

À la réalité découverte ou devinée du paysage se joint, chez Mme Sand, un charme de sensibilité et un attrait tout particuliers. On ne s’intéresse pas seulement à sa peinture, on en est ému, on l’aime. Ce nouvel effet tient à l’art délicat ou plutôt à l’heureux instinct de ne jamais décrire uniquement pour décrire, et d’associer toujours à la nature quelque chose de l’âme humaine, une pensée ou un sentiment. Le paysage ne va jamais seul, chez elle ; il est choisi en harmonie ou en contraste avec l’état de l’âme qui s’y répand. Mais ce contraste lui-même est une sorte particulière d’harmonie plus intime. Au moment où il semble que, dans l’imposante solitude des montagnes, tout le reste va être