Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/183

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gagner des dots et les bien marier. C’est pour eux qu’elle fonde son fameux théâtre des marionnettes, qui tient une si grande place dans sa vie. Maurice est l’impresario ; elle-même est le poète de ces petits drames[1]. « Je suis restée très gaie, sans initiative pour amuser les autres, mais sachant les aider à s’amuser. »

Quand elle voulut bien me promener à travers toute sa maison, après une station au jardin, non loin de la rivière où elle avait manqué, aux jours d’autrefois, dans un accès de jeune désespoir, de chercher une fin à une existence dont la perspective la troublait déjà, c’est dans la petite salle de théâtre qu’elle me conduisit, comme dans un lieu consacré par les rites joyeux de la famille. Mais le théâtre était vide et démeublé. Sur les parois humides je pus voir encore

   Du spectacle d’hier l’affiche déchirée.

Tout sentait l’abandon momentané dans la gentille salle, habituée aux applaudissements, aux rires de la famille et des amis. On avait passé l’hiver et le printemps à Tamaris, près Toulon, sur les bords de la Méditerranée. On revenait esseulé, un peu désorienté

  1. Mme Sand a recueilli avec soin les principales de ces pièces dans un volume à part : le Théâtre de Nohant, où se trouvent le Drac, Plutus, le Pavé, la Nuit de Noël, Marielle. Ce ne sont pas tout à fait les pièces telles qu’elles avaient été récitées sur la scène de Nohant, d’après un canevas détaillé, mais telles que l’auteur les a écrites après coup, sous l’impression qui lui en était restée.