impassible des marionnettes humaines et des fils secrets qui les agitent. Il n’en avait pas été toujours ainsi. Madame Bovary avait représenté, dans l’histoire de cet esprit, un moment de dilatation et d’épanouissement, une richesse et une largeur de composition, une sorte de bonheur de produire, une joie dans la fécondité qu’il ne trouve pas plus tard. Cette large veine s’était détournée ensuite du grand courant humain sur des curiosités archéologiques ou des singularités de cas pathologiques.
De là une certaine désaffection du public, une impopularité croissante, et de là aussi, chez l’écrivain, bien des ombrages et des découragements. George Sand ne cesse pas de le relever dans ses défaillances ; elle lui prodigue les meilleurs conseils, au hasard de son cœur et de sa plume ; elle l’excite, le rassure, semant, à travers sa correspondance, les idées les plus saines sur la vraie situation de l’artiste, qui ne doit pas s’isoler trop orgueilleusement de l’humanité, sur les conditions de l’art, sur les devoirs qu’il impose et qu’il ne faut pas confondre avec les servitudes et les exigences des coteries. Dans toute cette partie de la correspondance, tout en se peignant au naturel, George Sand se maintient à un niveau très élevé de raison et de cœur. Pleine de sollicitude pour le cher artiste tourmenté et malade, elle fait tous ses efforts pour lui communiquer quelque chose de sa sérénité et de sa vigueur saine d’esprit. Qu’il s’abandonne un peu plus à son imagination naturelle ; qu’il la tourmente moins au