perte de son avenir, mais, ce qui est plus terrible, par la dégradation successive de ses belles qualités. La volupté et l’ambition l’ont touché, elles le posséderont à jamais. Ce qui est vrai aussi, et admirablement décrit, c’est l’effet d’un noble amour sur Pierre Huguenin ; c’est la peinture de son élévation morale, de la délicate fierté de ses sentiments, de ce courage et de cette probité du bon sens qui se tient à l’écart et dans l’ombre où doivent se reléguer les passions impossibles. Mais, à chaque instant, hélas ! ces belles analyses s’arrêtent brusquement. Cette étude profonde et charmante des effets de deux passions contraires sur deux âmes plébéiennes s’interrompt pour laisser passer le flot de la déclamation politique. Je ne connais pas de personnage plus incommode, plus bruyant, plus sottement bavard que cet Achille Lefort, qu’on est sûr de trouver à tous les détours des allées, toutes les fois que l’idylle s’y promène. Je ne sache rien de plus invraisemblable que le caractère de M. de Villepreux, ce complice d’Achille Lefort qu’il méprise, mélange indéfinissable d’un grand seigneur sceptique, d’un membre de l’opposition constitutionnelle, d’un conspirateur sans conviction, qui, à certains moments, semble monter sur le trépied de la sibylle humanitaire, et qui, l’instant d’après, en redescend avec le sourire d’un Machiavel du Palais-Bourbon. Mais surtout, je ne sache rien de plus faux, de plus déclamatoire de plus dissonant que le personnage de la noble Yseult, dans la dernière partie du roman, où l’on
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