Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/65

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de fantaisie, les sanglantes légendes de Jean Ziska et des Hussites ! Si sa démence n’était pas si prétentieuse, il pourrait nous intéresser ; s’il ne repassait pas à chaque instant dans le roman, avec son front pâle, son œil fixe et son manteau noir semé de larmes d’argent comme un drap mortuaire, il pourrait nous sembler aimable. Mais c’est bien mal à lui de déraisonner si souvent pour effrayer Consuelo et pour impatienter le lecteur ! Et quand le moment de l’initiation arrive, quand l’oracle parle enfin au fond du souterrain, est-ce que je me trompe ? Est-ce le noble comte qui parle ? il me semble reconnaître de vieilles phrases qui ont fait un long et vaillant service dans la Démocratie pacifique de ce temps et ailleurs : « Une secte mystérieuse et singulière rêva, entre beaucoup d’autres, de réhabiliter la vie de la chair, et de réunir dans un seul principe divin ces deux principes arbitrairement divisés. Elle voulut sanctionner l’amour, l’égalité, la communauté de tous, les éléments de bonheur. Elle chercha à relever de son abjection le prétendu principe du mal et à le rendre, au contraire, serviteur et agent du bien » … etc., etc… Le noble comte peut continuer longtemps ainsi, il y a longtemps que je rêve, et je soupçonne Consuelo de n’avoir tant de patience à l’entendre que parce qu’elle fait comme moi. Mais tout cela n’est rien en regard du second volume de la Comtesse de Rudolstadt. C’est ici qu’un grand courage pourrait se donner le spectacle de la marée montante du système et de la déclamation. L’ennui atteint tout à coup des