à l’œuvre sans fin et sans limites de la vie supérieure, de la vie en Dieu », etc., etc. Ce n’est plus seulement un apôtre de l’amour, c’est un illuminé.
Venant de Dieu, l’amour est sacré. Y céder, c’est faire acte pie ; y résister serait un sacrilège ; le blâmer dans les autres, une impiété. Le vœu de la nature, n’est-ce pas l’appel même de Dieu à ces élus d’une nouvelle espèce ? Est-il besoin d’ajouter que l’amour se légitime par lui-même ? Il est irresponsable, puisqu’il est divin. Les égarements qu’il amène rencontrent dans l’auteur et dans ses principaux personnages la plus large indulgence, la sympathie la plus illimitée : « Marthe, dit Eugénie (dans le roman d’Horace), pourquoi donc cette douleur ? Est-ce du regret pour le passé, est-ce la crainte de l’avenir ? Tu as disposé de toi, tu étais libre, personne n’a le droit de t’humilier. » Ceux mêmes qui auraient quelque droit de se plaindre, comme les maris abandonnés, sont les premiers, quand ils ont de grandes âmes, à répandre leur bénédiction héroïque sur le couple adultère : « Ne maudis pas ces deux amants, écrit Jacques à Sylvia. Ils ne sont pas coupables, ils s’aiment. Il n’y a pas de crime là où il y a de l’amour sincère ». Et ailleurs : « Fernande cède aujourd’hui à une passion qu’un an de combats et de résistance a enracinée dans son cœur ; je suis forcé de l’admirer, car je pourrais l’aimer encore, y eût-elle cédé au bout d’un mois. Nulle créature humaine ne peut commander à l’amour, et nul n’est coupable pour le ressentir