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Au Village des Piles

Le 11 juillet 1888, je partais du palais épiscopal des Trois-Rivières, bien seul et comme à la sourdine, et prenant le train de sept heures, je montais aux Piles. C’était dans le dessein de redescendre le lendemain par eau jusqu’aux Trois-Rivières,

Il y a plusieurs mois que je méditais ce voyage, mais quand j’avais voulu l’entreprendre, les hommes, les éléments, tout était venu se mettre en travers. Et comme je me montrais opiniâtre, la neige était venue couvrir le sol dès les premiers jours de novembre. Il faut que vous me compreniez bien : je ne ferais pas serment que cette neige fût venue à cause de moi, mais j’en étais fort contrarié, c’est tout ce que j’ai prétendu vous dire.

Je voulais donc reprendre mon voyage manqué. Arrivé aux Piles, ma première visite est pour M. Éphrem Desilets : je trouve la famille en bonne santé, mais je ne vois pas mon cher petit compagnon de l’année dernière, cet Achille que mes lecteurs n’ont pas oublié. Il a grandi, il est occupé du matin au soir sur les estacades, et, entre nous, il trouve le métier un peu dur. Il lui en coûtera moins de reprendre ses classes, cet automne, au collège. Ah ! si je pouvais avoir ce compagnon pour achever mon voyage du Saint-Maurice ! Mais ne le dérangeons pas : il est à son devoir, et le devoir est une chose sacrée.

Le temps était chargé ; le matin, il était même tombé un peu de pluie ; mais il faisait assez beau dans