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donne des ordres pour préparer le dîner au plus tôt, car, dit-il, des voyageurs qui ont déjeuné à cinq heures du matin doivent avoir hâte de se mettre un morceau sous la dent. Il était alors onze heures de l’avant-midi.

Tandis que nous sommes à causer agréablement, M. N. Dagneau, comptable pour les travaux du St-Maurice, nous arrive des Trois-Rivières avec un compagnon. M. Dagneau va régulièrement, une fois par mois, payer leur salaire aux employés des estacades de Chawinigane, de la Grand’Mère et des Piles. Faire travailler les gens, ou les réprimander quand ils font des fredaines, cela ne le regarde pas ; il n’a qu’à payer en bel argent, de sorte qu’il est sûr d’être partout le bienvenu. Avouons que c’est un joli métier que celui de comptable pour les travaux du Saint-Maurice.

M. Rousseau croyait être seul au dîner, et voilà que nous allons être cinq à table. Nous n’étions pas attendus, mais tout de même la table se couvre de bon poisson et d’excellentes omelettes ; tous y font honneur sans aucune hésitation.

Une demi-heure de conversation après le dîner, et puis nous prenons place dans notre joli canot d’écorce et nous filons vers les Grès.

Mais, mais, s’écrie le lecteur impatienté, est-ce bien croyable ! Pas un mot de la chute ! Nous avons eu la patience de vous suivre dans votre petit voyage, exprès pour entendre parler de la chute de Chawinigane, la perle du Saint Maurice, et vous n’en dites rien !

St ! St ! mon ami ; sachez que je n’aime pas à me faire chicaner de la sorte. Nous allons vous satisfaire, mais nous avons bien notre temps ; le monde n’est pas pour finir dans une heure.