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DE LA CHUTE DE CHAWINIGANE
AU RAPIDE DES GRÈS

Le Saint-Maurice s’est reposé, il a même dormi profondément dans la baie de Chawinigane ; mais il faut voir comme il s’élance à partir de la pointe à Chevalier ! C’était plaisir de voir filer notre canot d’écorce : un cheval à la course nous aurait à peine suivis.

Le courant diminue au bout de quelques arpents, et le fleuve n’a plus cette largeur extraordinaire que nous lui avons vue au-dessus du rapide des Hêtres. Les côtes sont assez basses ; nous sortons évidemment de la région des montagnes.

Une île d’une assez grande étendue se présente à nos regards ; c’est, je crois, l’île aux Tourtes. On l’appelle communément l’île des Baumes, sans doute pour fixer la mémoire de l’un de nos plus admirables barbarismes.

Des estacades ayant été tendues sur le Saint-Maurice, nos canadiens ont supposé tout de suite qu’il n’y avait pas de mot dans notre langue pour exprimer cette chose nouvelle pour eux, car ils n’ont pas une grande confiance dans la richesse de la langue française, nos bons compatriotes ; ils sont donc allés prendre généreusement un mot dans la langue anglaise, mais leur oreille les ayant trompés, au lieu de boom ils ont dit baume. Peut-être aussi ont-ils fait ce changement