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À LA MATAWIN

Nous partons à une heure et un quart, dans une barge bien commode. Nos rameurs, un seul excepté, sont les mêmes qu’hier : nous sommes sûrs d’être bien conduits. Trois canots nous font escorte… Parmi ces canots se trouve celui de M. Paterson, un commis de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui se fait conduire à Montachingue. Ce monsieur a la complaisance de rendre avec lui M. Gravel, et de soulager ainsi notre barge qui se trouvait un peu chargée.

Sur la route que nous avons à parcourir, il y a un espace de trois lieues sans habitations, mais l’intérêt du voyage ne diminue pas. Si l’homme ne paraît pas ici avec ses œuvres d’un jour, l’œuvre de Dieu nous apparaît dans toute sa variété et sa majesté.

Voici que nous doublons une pointe de roches appelée la pointe à Château. Vous allez penser qu’il se trouve là quelque château rustique, ou un projet d’édifice quelconque ; mais il n’en est rien. Château est ici un homme. Cet homme-là n’a pas joué un rôle comme celui de Bonaparte ou d’Alexandre-le-Grand, nous ne savons ni ce qu’il était ni ce qu’il faisait, mais son nom va tout de même passer à la postérité.[1]

La pointe à Château est célèbre par un évènement sinistre qui s’y passait il y a quelques années.

  1. Ce nommé Château était du district de Montréal. Il paraît qu’il se noya à la pointe qui porte son nom.