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du réveil. Le 16 janvier 1733, en effet, Messieurs de Francheville, Pierre Poulin, Gamelin et Cugnet formèrent une société et se mirent résolument à l’œuvre. Des bâtiments s’élevèrent et la fonte du minérai fut commencée ; on parlait au loin des nouvelles forges, et avec raison, car c’était les premières qu’eut encore vues l’Amérique du Nord. Cette entreprise, pourtant ne devait pas arriver immédiatement à un succès complet, car on a toujours remarqué que les œuvres très importantes ont des commencements difficiles : M. de Francheville, l’âme de tout ce mouvement, étant mort sur ces entrefaites, les opérations ne purent continuer, et le 23 octobre 1735, les associés survivants remirent entre les mains du roi la propriété des Forges et le droit d’exploitation des mines de fer. Ce résultat n’était guère satisfaisant ; néanmoins l’élan était donné et le succès définitif ne pouvait tarder bien longtemps.

Dés l’année suivante, Messieurs François Étienne Cugnet[1] Pierre François Taschereau, Olivier de Vezain, Jacques Simonet et Ignace Gamelin formèrent une nouvelle société, et achetèrent la seigneurie de Saint-Maurice pour la somme de 6000 livres. C’était le 15 octobre 1736. Les vendeurs étaient Pierre Poulin Louise de Boulanger sa femme, et Michel Poulin prêtre. Le roi, par une ordonnance du 22 avril 1737, donna à la compagnie appelée Cugnet et &cie ou Compagnie des Forges, le droit d’exploiter les mines de fer, et de plus il lui avança la somme de 100,000 livres sans intérêt.

On fit plus encore pour favoriser la nouvelle compagnie : M. Cugnet s’étant plaint que le fief Saint-Maurice ne contenait que peu de bois alors, et que la Compagnie allait se trouver obligé d’acheter du bois des habitants à des prix ruineux pour elle, M. de Beauharnois et M. l’intendant Hocquart lui concédèrent le fief de Saint-Étienne, par un acte du 12 septembre 1737. « Nous », est-il dit dans ce document, « en vertu du pouvoir à nous conjointement donné par sa Majesté, avons donné, accordé et concédé, donnons,

  1. L’abbé Tanguay donne François-Joseph, fils de François Étienne Cugnet, comme seigneur de Saint-Étienne.