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Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/262

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le 13 septembre 1759, et Vaudreuil capitulait à Montréal le 8 septembre 1760. L’article 44e de la capitulation de Montréal traitait des forges Saint-Maurice : « Les papiers de l’Intendance, des bureaux du contrôle de la marine, des trésoriers, anciens et nouveaux, des magazins du roi, du bureau du roi, du bureau du domaine et des forges de Saint-Maurice, resteront au pouvoir de M. Bigot, intendant ; et ils seront embarqués pour France dans le vaisseau où il passera ; ces papiers ne seront point visités. » La réponse du général Amherst fut celle-ci : « Accordé avec la réserve déjà faite. » Or voici quelle devait être cette réserve : « excepté les archives qui pourront être nécessaires pour le gouvernement du pays. » Et les forges Saint-Maurice devinrent la propriété du roi d’Angleterre. Le roi de France y avait bien fait couler des mortiers, des canons, des boulets ; mais pour de l’argent sonnant, il n’en avait pas encore retiré. Il perdait sa propriété avant d’avoir pu la faire valoir sérieusement à son profit.

Aussitôt après la reddition de Montréal, le général Amherst divisa le pays en trois gouvernements militaires : celui de Montréal, celui de Québec et celui des Trois-Rivières. Le général Thomas Gage fut nommé gouverneur de la première division, le général James Murray gouverneur de la seconde, et la troisième division échut au colonel Ralph Burton. Ce dernier vint immédiatement prendre possession de son gouvernement des Trois-Rivières.

Il fit déposer les armes et prêter le serment de fidélité, puis son attention se porta sur les forges Saint-Maurice. En effet, dès le 1er octobre 1760, il écrit à M. de Courval que son intention formelle est que les travaux de ces forges soient continués. Il lui donne même l’ordre de retenir les services des ouvriers suivants : Delorme, Robichon, Marchand, Humblot, Ferrand, Michelin, Belu. Les Forges furent donc mises en activité avec le même personnel qu’auparavant, et pendant tout le règne militaire qui dura 4 ans, les ouvriers pouvaient encore se croire au temps de la domination française.