Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 311 —

reconstituer du côté sud-est ; un endroit historique d’un grand intérêt va donc nous être rendu, espérons que l’on y fera paraître de nouveau dans sa beauté la croix de Jacques Cartier. Nous nous sommes occupés assez longtemps des îles, jetons maintenant, selon notre coutume, un regard sur la terre ferme.

Tout à la tête du pont, sur la rive Est, deux maisons semblables, peinturées et sablées, en face l’une de l’autre, semblaient deux sentinelles placées à la garde du pont. Celle de ces maisons qui était au nord a été transportée de l’autre côté du chemin, auprès de sa sœur ; cela change complètement l’aspect, les deux sentinelles paraissent être relevées de leurs fonctions et vivre aujourd’hui de leurs rentes.

Un peu en arrière, sur un petit ruisseau qui se jette dans le Saint-Maurice, s’élève une tannerie en brique, à deux étages, bâtie par M. J.-B. Normand, et qui a fonctionné quelque temps sous la direction de M. Théophile Blouin. Elle a été abandonnée ensuite, puis est devenue la propriété d’un M. Genest, qui l’a abandonnée à son tour : Elle est encore fermée à l’heure qu’il est. Voilà donc une industrie qui paraît avoir de la peine à réussir, mais elle répond à un besoin de la localité, l’édifice est confortable, les étangs bons, la position excellente, par conséquent il ne s’agit que d’avoir un peu de patience, le succès ne peut manquer de venir. C’est une affaire de temps.

Depuis les ponts du Saint-Maurice le village se continue presque sans interruption le long de la rivière,[1] et ensuite le long du fleuve Saint-Laurent jusqu’au delà de l’église du Cap de la Madeleine. La plupart des maisons appartiennent à des ouvriers ; elles sont toutes en bois, à un seul étage et bien proprettes. Les ouvriers ont été attirés en cet endroit par la scierie de M. Baptist, par la tannerie de M. Normand et par une autre manufacture dont je vais dire un mot.

Sur un joli platin, vis-à-vis l’île de la Potherie, M. Paterson établit en 1875 une petite manufacture de barreaux, manches à balai, etc. L’usine fonctionna

  1. Du pont à la pointe du cap il y a 50 maisons.