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femmes, continuèrent à chanter soit des chansons à répondre, soit des cantiques sacrés.

Mais savez-vous qu’à l’embouchure de la rivière Matawin il y a une quantité de belles et bonnes cerises ? Nos braves rameurs n’ignorent pas cela, et ils ont un petit faible pour les bonnes cerises ; nous faisons donc une petite station en cet endroit.

Nous en profitons pour aller voir de près la rivière Matawin, qui roule une masse d’eau considérable. Son nom vient d’un mot algonquin, Matawane, qui veut dire décharge des eaux. Quelques minutes à peine étaient écoulées, quand nos gens reparurent les bras chargés de branches de cerisier ; nous avions des cerises à revendre. On a coutume de dire que les cerises sont chargeantes pour l’estomac, mais parle-t-on de cela quand on voyage en plein air, quand on voyage sur le Saint-Maurice ?

Nous reprenons notre course, cependant, et nous sommes bientôt devant la maison de M. Isaïe Neault ; c’est ici le plus ancien colon de la Matawin, et la mission s’est faite chez lui pendant plusieurs années.

Enfin nous sommes en vue de la maison de M. Antoine Vaugeois, où nous allons donner la mission ; Monseigneur entonne l’Ave maris stella ; nous avons le temps de chanter cette hymne d’un bout à l’autre, et puis nous abordons vers six heures du soir.

La demeure de M. Vaugeois est formée de deux maisons placées l’une près de l’autre, et communiquant ensemble ; l’une de ces maisons est changée en chapelle, et est mise absolument à notre disposition. Les murs sont couverts de toile blanche, l’autel est bien orné ; nous ne sommes pas si mal dans ces missions du Saint-Maurice !

Monseigneur chante le cantique « Travaillez à votre salut ; » il fait ensuite sur l’Importance du salut à peu près la même instruction qu’à Saint-Roch de la Mékinac ; puis, prenant la mitre et la crosse, il donne la bénédiction solennelle.

Le souper nous est servi dans la chapelle. M. Paterson mange avec nous.