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À LA RIVIÈRE-AUX-RATS

Un bon nombre de personnes montent avec nous dans le chaland, entr’autres Monsieur et Madame Pelletier, et nous partons à midi et un quart. Nous passons bientôt l’île aux Noix, où nous remarquons effectivement de superbes noyers ; l’île aux Pierres, dont le nom s’explique assez par lui-même.

Notre cheval fournit bravement sa route sur le rivage. Il y a des obstacles nombreux ; il les évite, soit en gravissant la côte, soit en entrant dans le courant du fleuve. Mais en un certain endroit il y a plusieurs arbres entassés les uns sur les autres, et sur ce monceau l’eau du printemps a déposé une couche de terre. Le cavalier a cru pouvoir franchir ce nouvel obstacle ; il lance son cheval, et voit la pauvre bête s’enfoncer entre les troncs d’arbres. Le cheval faisait des efforts terribles, et s’enfonçait de plus en plus. Alors nous approchons du rivage, et une dizaine d’hommes de notre suite s’élancent à terre ; ces hommes forts éloignent quelques troncs d’arbres, préparent une sortie assez facile, et après quelques minutes notre cheval était déjà prêt à continuer sa route.

Nous allions entre deux rangs de grands arbres et de hauts rochers, quand nous commençâmes à entendre de nombreuses décharges d’armes à feu : on nous dit alors que nous arrivions chez M. George Adams. Ce monsieur possède des carabines à seize coups ; on peut bien avec cela simuler la présence d’un régiment tout entier. Nous faisons ici une petite halte.