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rien. Le lendemain que le Capitaine fut tué, dès le point du jour, les Anglais déchargèrent leur petit navire dans le même lieu où avait été tué le Capitaine, une partie d’eux demeura pour garder leurs marchandises et l’autre fut avec le petit navire décharger le grand navire qui était encore échoué à la côte, et le lendemain d’après ils le firent entrer.

Nos gens au nombre de 14 qui avaient passé la nuit des deux côtés de la rivière en embuscade, voyant que les Anglais faisaient monter leurs deux navires escortés de leurs deux chaloupes, sortirent de leur embuscade pour les fusiller à découvert. Les Anglais leur tirèrent bien quarante coups de canon. La Mothe qui est notre interpète pour les sauvages, y fut légèrement blessé à la cuisse, Maricourt le fut pareillement d’un éclat de roche. Cela ne les empêcha pas de continuer à tirer sur les Anglais qui ayant la marée favorable montèrent malgré les nôtres, et se vinrent camper à un quart de lieue de notre fort ou depuis ils ont campés sous des tentes creusées en terre pour se mettre à couvert des coups de fusils de nos gens qui les obervaient nuit et jour, espérant en prendre quelqu’un en vie, mais ils n’ont jamais osé s’écarter plus de vingt pas. Partie de nos gens était occupée à faire une fosse contre leur fort pour y mettre leur barque à couvert des glaces, les autres les gardaient, et le reste chassait à leur barbe. Ils sont si consternés que Lamothe seul s’étant mis en embuscade au-dessus d’eux, la nuit avec trois fusils, à la pointe du jour il vit une chaloupe où il y avait neuf hommes qui montaient terre à terre, il les laissa approcher et les tira en passant, celui qu’il mirait tomba à la renverse, tous les autres se jettèrent au fond de la chaloupe, qui n’eurent pas l’assurance de paraître, et se laissèrent dériver avec le courant qui les remenait vers leurs gens.

Ensuite de cela d’Iberville envoya à son cousin Martigny qui s’offrit de nous apporter des lettres cet hiver pourvu qu’on lui donna encore un Français de ceux qui étaient à Monsipy, avec un sauvage pour le guider.

Il partit donc seul pour venir à Monsipy ou, (10 octobre 1686), il prit Montplaisir avec lui et deux sauvages des Abitibys qui s’y trouvèrent, lesquels leur promirent de les amener ici sur les neiges. Malheureusement les vivres leur ayant manqué, ils furent obligés de quitter leur chemin pour chasser de quoi vivre. Ils trouvèrent dans les lieux de chasse des sauvages qui venaient de Thémiscaming, qui leur dirent que les Iroquois avaient tué tous les Français qui y étaient, qu’ils avaient trouvée des morceaux de leurs corps par la place. C’en était là plus qu’il ne fallait pour épouvanter nos gens, et les faire relacher. Ce fut en ce même lieu qu’ils reçurent la dernière lettre que d’Iberville nous a écrite, partie par des sauvages qui avaient premis de ratrapper nos gens. D’Iberville eut le prévoyance d’envoyer du papier à son cou-