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long de terre. Le R. P. Silvie me suivoit pas à pas, et courut les mêmes risques. Nous vîmes au bout du Long-Sault, les vestiges ou dix-sept françois[1] soutinrent pendant les antiennes guerres des Iroquois, l’effort de sept cents de ces barbares dont ils tuerent et blesserent un nombre très considérable. Leur résistance aurait eu le succez que meritait leur bravoure sans la trahison d’un huron qui se sauva du fort, et aiant adverti les Iroquois qui meditaient leur retraite des deffauts de la place, de la necessite (412) ou estoient les françois de les enlever par une attaque generalle, causa ainsi la perte de ces braves gens, qui n’eurent dans leur desastre autre consolation que de vendre bien cherement leurs vies.

Le cinquiesme jour d’avril, ceux qui estoient restez derriere arriverent au camp, ou nous séjournames pour raccomoder nos canots les regommer et faire perches et avirons, estant obligé a toutes ces precautions d’autant que nous estions au pied d’un rapide qui ne gèle jamais et ou il fallait traisner et percher. Ainsi le Sr. de St. Germain que j’avois envoié reconnaistre le bordage par dedans le bois, m’aiant assuré que le portage estoit impossible cela me fist resoudre de monter le rapide comme en plain esté, c’est a dire dans l’eau jusqu’à la ceinture. Je renvoie ce jour la un nomme Loranger, qui estoit venu seulement pour porter nos lettres et ramener les chiens et traisnes sauvages, qui avoient servy pour voiturer notre equipage. Je fus heureux de l’avoir renvoié ce jour la, parce que le degel estant

  1. Dollard et ses compagnons.