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Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/47

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rivière creuse[1]. Cette rivière peut avoir quelque sept lieues de long. On voit du costé du nord, suivant la route, une hautte montagne dont la roche est droite et fort escarpée, le milieu en paroist noir. Cela provient peut estre de ce que les sauvages y font leurs sacrifices jettant des flèches par dessus, au bout desquelles ils attachent un petit bout de tabac. Nos françois ont coustume de baptiser en cet endroit ceux qui n’y ont point encore passé. Cette roche est nommée l’oiseau par les sauvages et quelques uns de nos gens ne voulant perdre l’ancienne coustume se jetterent de l’eau, nous fumes campés au bas du portage[2].

Le sixiesme may, je le fis faire[3] de bon matin. L’on en fist encore deux autres pendant la journée dans laquelle on monta aussi plusieurs rapides après quoy nous campasmes à la pointe aux pins[4].

Le septiesme may, nous nous mîmes en marche à soleil levant et estant arrivés au pied des rapides (421)[5]. Les bons canoteurs commencesrent à les monter, ce qu’ils firent avec d’autant plus de péril

  1. La rivière creuse est cette partie de l’Ottawa qui s’étend de l’île des Allumettes aux rapides des Joachims. « Elle est bornée au nord, dit M. de Bellefeuille, dans la relation de la première mission du Témiscamingue en 1836, de hautes montagnes, entre lesquelles on remarque que l’« Oiseau » à une lieue de l’embouchure, laquelle est coupée perpendiculairement et s’élève au-dessus de l’eau à au moins 300 pieds. À un mille plus haut, du côté sud, est la pointe au « Baptême », ainsi nommé parce que ceux qui n’ont jamais été au delà sont obligés de promettre une messe à l’honneur de sainte Anne pour les voyageurs ; sans quoi il leur faut recevoir le baptême. La loi est sans exception ; les missionnaires y sont obligés comme les autres. »
  2. Au pied des rapides des Joachims.
  3. Le portage des rapides des Joachims. Il y a deux portages aux Joachims, chacun d’un quart de mille de longueur et séparés l’un de l’autre par un petit lac de quatre arpents de largeur.
  4. La pointe aux Pins doit être cette étendue de terrain plat qui se trouve sur la rive nord, à l’endroit même où un torrent, qui portait autrefois le nom de rivière des Cyprès, sort de la montagne, et se jette dans la rivière Ottawa.
  5. Les rapides de la « Roche Capitaine ».