Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/53

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compte de tout à la (423 bis) compagnie. On luy laissa quatre hommes pour faire la traitte, avec très peu de vivres, les sieurs Guillet[1] et Villedieu[2] restèrent la pour (aller) trois jours après a Nepissingue, nation sauvage pour faire faire des canots et les faire descendre au montreal. Quand à nous, nous en traitâmes avec des sauvages que nous trouvâmes proche la maison, pour remplacer ceux que nous avions et que nous laissâmes là, pour estre trop pesans et trop incommodes, pour le reste de nostre voiage, pour lequel je pris si bien mes mesures, qu’il se trouva deux bons canoteurs à chaque canot, pour bien sauter les rapides.

Le vingt deuxiesme il plut une partie de la journée ce qui ne m’empescha pas de m’embarquer après la messe[3] suivi de trois canots pour aller visi-

  1. Mathurin Guillet baptisé aux Trois-Rivières, le 7 novembre 1648. Il épousa en 1687, Marie Charlotte Lemoyne, cousine des sieurs de Sainte-Hélène et d’Iberville. Il était le père de Paul Guillet, qui exploita plus tard le poste de Témiscamingue.

    Dans la liste « des intéressés en la Compagnie de la colonie du Canada, et des actions qu’ils y ont prises ». (Archives Can., Corresp. générale, série F., Vol. 110, pp. 531-554), on trouve les noms de M. Sébille et de M. Guillet avec les apostilles suivantes :

    sébille, (5000), mort ; sa succession doit plus qu’il n’a de biens.

    guillet, (90) Habitant très pauvre.

  2. Antoine Villedieu, fils de Jean et de Barbe Nicole, de Saint-Eustache de Paris ; il épousa, à la Pointe-aux-Trembles de Montréal, le 28 février 1685, Marie Martin.
  3. Le Père Silvie dut aussi célébrer la messe, les trois jours précédents. Ce furent les premières messes célébrées sur les rivages du lac Témiscamingue ; il devait s’écouler un espace de 150 ans, de 1686 à 1836, avant que le Saint Sacrifice y fut de nouveau offert. Les longues recherches que nous avons faites nous permettent de conclure qu’aucun missionnaire ne fréquenta ces régions durant ce laps de temps.

    En 1836, Mgr Lartigue, évêque de Montréal, charge M. Charles de Bellefeuille, de la compagnie de Saint-Sulpice, et M. Jean Baptiste Dupuy, prêtre séculier, d’aller évangéliser les régions lointaines du nord de son immense diocèse. Partis de Montréal le 20 juin, ces deux courageux missionnaires, arrivèrent au vieux Fort, le 14 juillet. Le lendemain, ils célébraient la messe dans un des hangars appartenant à la compagnie de la baie d’Hudson.

    Le 19, M. de Bellefeuille fit planter une croix au pied d’un monticule, en arrière du Fort, et mis la mission nouvelle sous la protection de St-Adalbert. Ce zélé missionnaire retourna au Témiscamingue les deux années suivantes ; épuisé par les fatigues qu’il avait endurées durant ces pénibles voyages, il décéda à Montréal, dans l’automne de 1838.