Page:Carré, Recherches sur l’administration municipale de Rennes.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LE GOUVERNEUR.

sérieux de ses revenus. Les connétables étaient payés par la ville soixante-douze livres par an[1] ; comme le gouverneur ils avaient droit à un logement fourni par la Communauté[2].

Quels furent exactement les pouvoirs du gouverneur de Rennes en matière municipale ? Il est vraisemblable que cet officier choisissait lui-même son lieutenant et ses connétables en leur imposant l’obligation de se faire reconnaître par le « corps de ville » ; c’était fixer à l’avance par qui seraient présidées les assemblées municipales quand il ne les présiderait pas lui-même. Le 10 juillet 1598, Jean-Jacques de Lombard présenta à la Communauté le mandement par lequel M. de Montbarot l’avait nommé son lieutenant. À l’unanimité les bourgeois présents consentirent à reconnaître le nouvel officier qui, devant eux, « promit par serment de se comporter fidèlement »[3]. Le 17 septembre 1599 un connétable fut installé dans ses fonctions d’une façon analogue[4]. M. de Montbarot ne nommait pas seulement le lieutenant et les connétables ; il rendait des ordonnances où il disposait de la charge de grand-portier[5] et de celle de « conducteur de la grosse horloge »[6]. Ces charges dépendaient de la Communauté puisque des gages leur étaient attribués sur les revenus de la ville[7], mais la première avait assez d’importance militaire, et la seconde intéressait assez la sécurité publique pour que le gouverneur les eût en quelque sorte sous la main.

On est obligé de remonter au delà de l’année 1598 pour voir dans quelles conditions s’exerçait l’autorité d’un gouverneur quand il empiétait sur les droits de la Communauté, quand, sous prétexte de défendre la cause du Roi, il envahissait toute l’administration municipale et s’arrogeait des pouvoirs souverains.

  1. Archives de Rennes, Comptes des miseurs (1601) : Gages des officiers.
  2. Ibid., 29 (11 janvier 1613).
  3. Ibid., 475 A, fo 61 vo (10 juillet 1598).
  4. Ibid., 476 A, fo 49 ro (17 septembre).
  5. Ibid., 39 (5 décembre 1597).
  6. Ibid., 50 (21 janvier 1602).
  7. Ibid., Comptes des miseurs (1601) : Gages des officiers.