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les fleurs. Plaignons ceux dont les ciels blêmes et mornes ne contiennent aucun espace noir ni éclatant, et résignons-nous à la douleur, source de la seule joie pure.




L’homme sera toujours un être en préparation.

La plante donne des fleurs et les fleurs, tombant vers la racine, lui font un engrais. Il en est de même de l’homme.

La tristesse vient de l’égoïsme, c’est-à-dire que l’homme, qui ne prépare pas sa vie pour un autre, ferme sa vie, — fait l’œuvre d’un égoïste. Il se sépare des hommes : de là vient sa tristesse.




Comme sous une glace où se sont figées les stériles manifestations des dominations des hommes, coule la vie impétueuse des espoirs humains. Sous cette couche, qui se croit immortelle, parce qu’elle est immobile, le flot humain travaille et pense ; il aboutit à nous qui nous sentons son témoignage présent, conscient de son labeur ininterrompu, comme la nature éternel.




Les artistes, les penseurs sont des hommes qui se réjouissent de leurs découvertes mutuelles, et non des pitres qui s’envient leurs grimaces.