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les femmes écrivains de la france

dit un critique, — on est vraiment étonné du rang que Mlle de Scudéry a tenu dans les lettres et du rôle qu’elle a joué dans le monde. On peut dire qu’elle a reçu plus d’hommages que Mme de Sévigné elle-même. La Cour et la Ville s’occupaient de ses moindres actions et de ses moindres paroles. Il n’était pas jusqu’à la fauvette, hôtesse habituelle de son jardin, qui ne fut célébrée par les poètes. La mort de deux caméléons qu’elle prenait plaisir à nourrir dans son salon mit Paris en rumeurs. »

Et cet empressement continua pour Mlle de Scudéry pendant toute sa vie, qui dura près d’un siècle. Elle mourut à Paris en 1701. Pendant que Madeleine de Scudéry soulevait autour d’elle une admiration qui devait peu lui survivre, Mme de Motteville se tenait à l’écart. Placée au milieu d’une cour brillante dont elle ne partageait pas la dissipation, elle observait attentivement les hommes et les choses, et écrivait ses curieux Mémoires pour servir à l’histoire d’Anne d’Autriche. Les cabales, les intrigues sont pour elle un spectacle où, sans être entièrement désintéressée, elle ne joue pas un rôle actif. « Je