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siècle de louis xiv

tenta de se relever de sa lourde chute en produisant un opéra : Zoroastre et Sémiramis, qui ne réussit pas mieux. Ayons la franchise de dire que ses misérables rimes en ailles et en eilles, en illes et en ouilles, et les vers qu’elle composa pour sa chatte eurent beaucoup plus de succès. Du moins, la ville et la cour s’en amusèrent ; c’est un privilège que n’obtinrent point ses pièces de théâtre.

Mais avant tout, soyons juste : il y a certainement trop d’humeur et de prévention dans le jugement que, dans ses Lettres, le poète Rousseau porte sur Mme  Deshoulières : « Tout son mérite, — dit-il, — n’a jamais consisté que dans une facilité languissante et dans une fadeur molle et puérile, propre à éblouir de petits esprits du dernier ordre, comme ceux qui composaient sa petite académie. »

Ce jugement manque de vérité précisément parce qu’il est trop absolu. Celui de Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, est beaucoup plus inoffensif et plus juste : « De toutes les dames françaises, c’est celle qui a le plus réussi, puisque c’est celle dont on a retenu le plus de vers. »