« Ainsi de Mme de Sévigné. Sa fille hérita de toutes les épargnes de ce cœur si riche et si sensible et qui avait dit jusqu’à ce jour : j’attends. Voilà la vraie réponse à ces gens d’esprit raffinés qui ont voulu voir dans l’affection de Mme de Sévigné une affectation et une contenance. Mme de Grignan fut la grande, l’unique passion de sa mère, et cette tendresse maternelle prit tous les caractères, en effet, de la passion, l’enthousiasme, la prévention, un léger ridicule (si un tel mot peut s’appliquer à de telles personnes), une naïveté d’indiscrétion et une plénitude qui font sourire. »
On ne saurait mieux dire et nous nous reprocherions d’omettre ou d’abréger cette page de Sainte-Beuve.
Tout le monde s’est plu à faire le portrait de Mme de Sévigné : Bussy et Mme de La Fayette, aussi bien que Somaize et l’auteur de Clélie ; et partout elle est représentée de même, belle d’une beauté qui n’avait rien de régulier, avec ses paupières bigarrées, ses yeux bleus et pleins de feu, sa chevelure blonde, abondante et fine, son teint éclatant et cette grâce spirituelle qui