non seulement pour elle et pour sa société intime, comme on l’a prétendu, mais un peu aussi pour la postérité, comme elle l’avoue elle-même : « Je sais bien, a-t-elle dit, que les choses plaisantes et jolies que j’écris à mes vieilles amies iront un peu plus loin. »
Voir le monde, le peindre et se peindre elle-même, c’est à cela que Mme de Sévigné passa sa vie, gardant jusqu’au bout cette verve étincelante d’une imagination spontanée et heureuse, et cette originalité charmante d’une nature saine jusque dans ses hardiesses.
« Elle se plaît au mouvement du monde, elle est à l’aise au milieu de tous ces bruits de cour dont elle est l’écho familier et piquant ; elle s’intéresse aux modes ou à un sermon de Mascaron, aux aventures de M. de Lauzun, à la goutte de M. de La Rochefoucauld ou aux distractions de M. de Brancas. Il n’est pas de mondaine plus affairée. » Et avec quelle délicieuse allure, quelle aimable vivacité, toutes ces questions se déroulent dans cette succession de lettres où tout passe, où tout s’anime, où tout se colore d’un trait rapide !