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les femmes écrivains de la france

la justesse de l’esprit et la délicatesse du goût. Mme  Du Deffant a eu ce mérite : la postérité qui a déjà commencé pour les hommes et les livres dont elle parle, n’a fait que confirmer et confirme de plus en plus l’ensemble de son opinion.

Ce qui distingue surtout l’esprit de Mme  Du Deffant, c’est l’attrait vif et irrésistible qui l’entraîna toujours vers ce qui est simple, vrai, naturel. Personne plus qu’elle n’eut en horreur l’affectation et la recherche. Cette disposition d’esprit explique sa sévérité et la difficulté qu’il y avait de lui plaire : « J’ai acquis, dit-elle, un fonds très profond de mépris pour les hommes, je n’en excepte pas les dames ; au contraire, je les crois bien pis que les hommes… Je ne suis point étonnée, dit-elle ailleurs, qu’il y ait si peu d’élus. »

L’inconvénient de ces principes sévères, c’est que Mme  Du Deffant n’aime pas tous les bons ouvrages, mais l’avantage, c’est qu’elle n’en aime aucun qui ne soit bon et même excellent.

Son mérite littéraire est ainsi apprécié par Sainte-Beuve : « Elle est un de nos classiques par la langue et par la pensée, et l’un des plus excellents… Elle se rattache par ses origines à