père, la chronique scandaleuse de l’époque nomme le cardinal de Tencin. Cette comtesse d’Albon avait une fille légitime qui épousa le frère de Mme Du Deffant. Quand Mme Du Deffant et Mlle de Lespinasse, qui n’avait alors que vingt ans, se rencontrèrent à la campagne, elles s’éprirent bientôt l’une de l’autre. La famille craignait aussi que la jeune fille ne réclamât le nom d’Albon et sa part d’héritage, revendication assez facile puisqu’elle était née du vivant de M. d’Albon, mari de sa mère. Ces motifs déterminèrent Mme Du Deffant à se l’attacher comme demoiselle de compagnie. L’origine de leur séparation, après dix ans de vie commune, fut que la marquise s’aperçut un jour que sa jeune compagne, une heure avant l’ouverture de son salon, recevait chez elle la plupart de ses habitués et prenait ainsi la primeur des conversations. Elle poussa les hauts cris, comme s’il se fût agi d’un vol domestique. Mlle de Lespinasse partit, et avec elle les encyclopédistes. Ceux-ci parvinrent à lui faire obtenir une pension annuelle sur la cassette royale, et Mme de Luxembourg lui meubla un appartement rue Bellechasse. C’est là
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