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xixe siècle

Staël-Holstein (1766-1817), était fille unique du ministre populaire dont l’avènement aux finances, sous le règne de Louis XVI, fut comme l’aurore de la Révolution. Sa mère, Suzanne Curchod, était protestante et d’un rigorisme excessif. Femme distinguée, d’ailleurs, elle entreprit l’éducation de sa fille. Mais, peu sensible aux charmes de l’enfance, elle y apporta la raideur qui la caractérisait. Ce système était déplorable à l’égard d’une enfant pleine de vivacité, de franchise, et dont l’intelligence d’élite se manifestait par une précocité singulière.

On a dit de Mlle  Necker qu’elle avait toujours été jeune et qu’elle n’avait jamais été enfant. Un de ses jeux favoris était de fabriquer des rois et des reines avec du papier de couleur et de leur faire jouer des tragédies, où elle parlait successivement pour tous les personnages. Sa mère, qui avait sur le théâtre les idées austères du calvinisme, lui interdisait cet amusement. Il fallait qu’elle se cachât pour se livrer à son plaisir irrésistible.

Necker connut beaucoup mieux son caractère. Tempérant la rigueur méthodique de sa femme,