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xixe siècle

son frère Joseph, si elle voulait que les deux millions que M. Necker avait déposés au trésor lui fussent payés. « Il ne s’agit pas de ce que je veux, répondit-elle, mais de ce que je pense. » Dès lors pendant toute la durée du Consulat et de l’Empire, sa vie ne fut plus qu’une suite de persécutions et d’exil. « La haine du chef du pouvoir contre les idées et surtout contre l’indépendance d’esprit que Mme de Staël représentait eut parfois un caractère d’acharnement personnel, qu’on a tenté d’expliquer par des anecdotes suspectes. Tour à tour réfugiée à Coppet, où elle eut sa petite cour, à Genève, à Weimar, internée ou tolérée aux environs de Versailles, puis de Blois, bannie de France « dans les trois jours », poursuivie de ville en ville par la police ou la diplomatie impériale frappée dans ses amis, le comte de Montmorency et Mme Récanier, exilés eux-mêmes pour l’avoir reçue ou avoir été reçus par elle, elle fuit à Vienne, à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Stockholm, en Angleterre. C’est au milieu de cette vie errante et de ces épreuves, qu’elle produisit ses plus beaux ouvrages, accueillis avec