Page:Carton - Histoire des femmes ecrivains de la France.djvu/34

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
26
les femmes écrivains de la france

plus souvent sur le sein que sur les livres, et nos yeux étaient plus exercés par l’amour que par la lecture de l’Écriture sainte. Cependant, pour mieux écarter tout soupçon, des coups étaient souvent donnés, mais par l’amour et non par la colère. » (Petri Abelardi, de calamitatibus suis epistola ; traduction de M. Villenave.)

On connaît le reste : le désespoir, la colère du chanoine quand il apprit la vérité et surprit les deux amants dans un tête-à-tête où, suivant l’expression d’Abélard, « ils furent découverts dans le même état où la fable rapporte que Mars fut surpris avec Vénus. »

On sait la fureur, tenant de la démence, où Fulbert fut jeté par la fuite des amants ; la feinte réconciliation qu’il leur accorda ; leur mariage, et l’acte inouï de vengeance dont Abélard fut la mémorable victime.

« Une nuit, — dit-il lui-même, — tandis qu’un sommeil profond s’était emparé de mes sens, on corrompit avec de l’or l’homme qui me servait ; des émissaires furent introduits dans mon appartement et m’infligèrent l’infâme et