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siècle de louis xiv

doute le besoin de réparer les torts de la fortune, la portèrent à composer des ouvrages qu’elle publia d’abord sous le nom de son frère.

Il y a peu de noms plus connus dans les lettres que celui de Mlle  de Scudéry ; il y a aussi peu d’ouvrages moins lus que les siens. Voltaire et La Harpe, de leur propre aveu, n’ont jamais pu lire jusqu’au bout un seul roman de la Sapho du dix-septième siècle. Nous ne nous flatterons pas d’avoir plus de courage qu’eux. Il n’en faut pas tant lire, d’ailleurs, pour être bientôt édifié sur le mérite littéraire de l’auteur. Au lieu des bergers de Lignon, que d’Urfé faisait disputer longuement sur les nuances délicates de l’amour, c’est dans la bouche des héros de l’antiquité que Madeleine de Scudéry met le jargon précieux des ruelles. Elle justifie dans une large mesure les reproches de Boileau, et au lieu de faire de Cyrus un modèle de toute perfection, elle nous le présente comme un Artamène « plus fou que tous les Céladons et tous les Sylvandres, qui n’est occupé que du soin de sa Mandane, qui ne sait du matin au soir que lamenter, gémir et filer le parfait amour. Elle a encore fait pis