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MES VACANCES AU CONGO

ces effluves sont dus surtout à l’huile de palme dont il est de mode ici de s’enduire la peau pour la faire reluire. Et chacun sait que des goûts et des odeurs il ne faut pas discuter.

Seconde observation : le noir est parfaitement éducable. Au bout de quelques mois de classe, négrillons et négrillonnes savent lire et écrire. Ils sont, me dit-on, un peu plus rebelles au calcul. Toutefois, j’en ai rencontré beaucoup pour qui la Table de Pythagore et la régie de trois n’avaient plus de secrets. À la mission Saint-Gabriel on imprime un journal rédigé en kiswahili. Les typographes sont trois bambins de 10 à 12 ans, qui obéissent, en guise de chef d’atelier, à une bonne religieuse franciscaine.

D’autres imprimeries « noires », d’une installation plus complète, fonctionnent aux missions protestantes de Bolobo et de Waï-Ka et à la mission des Pères Jésuites de Kisantu.

En général, ils aiment à s’instruire. Il n’est pas rare de voir, au seuil d’une paillotte ou sur le pont inférieur d’un bateau fluvial, un noir — grand ou petit — qui apprend à lire à un de ses compagnons ou essaie de déchiffrer avec lui quelque bouquin ou quelque catalogue imprimé en français. M. de Meulemeester, le gouverneur de la Province Orientale, dont les heureuses initiatives ne se comptent plus, a organisé à Stanleyville des cours du soir pour adultes. Cours primaires, cours de perfectionnement, cours de comptabilité, sont très fréquentés. Rien n’est plus touchant que de voir l’application avec laquelle ces grands gaillards, après leur journée de travail, s’empressent à suivre les leçons, dirigées avec autant d’entrain que d’intelligence, par Mme  André.