Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/123

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net d’astrakan et leur lèvre supérieure est percée d’une incisive d’homme ou d’animal. Voici des femmes qui portent fièrement au cou de lourds colliers en laiton qui ont dû être rivés sur elles. D’autre ont les reins ceints de petites jupes faites de fibres. Souvent on rencontre, dans la cohue, des noirs qui se sont barbouillé le corps d’une sorte de craie. D’autres ont les cheveux et la figure teints à l’ocre rouge. Le blanc est la couleur du deuil. Le rouge est destiné, paraît-il, à conjurer le mauvais sort ou la maladie.

Les Arabisés marchent avec gravité, reconnaissables à leurs gandourahs flottantes et à leurs calottes brodées. Justifiant leur nom, les blancs et les blanches sont vêtus, du casque aux souliers, de toile immaculée. Demain, nous verrons la ville au travail, après-demain au plaisir.

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Je doute qu’il soit au monde beaucoup de jeux populaires aussi animés et brillants que ces courses de pirogues, auxquelles excellent les Wagenias que nous sommes allés visiter dans leurs huttes, à la hauteur de ces « Stanley-Falls » où ils vont audacieusement dresser et relever leurs nasses parmi les rapides et les tourbillons des cataractes. Au signal des régates, les voici tous, debout sur leurs longues et frêles embarcations : chaque pirogue étant montée par une cinquantaine de sauvages et dirigée par un chef tout empanaché de plumes. D’un même coup, toutes les pagayes plongent dans l’eau. Les pirogues volent à la surface. Pressée sur la rive, la foule encourage, raille, acclame, excite… C’est la même passion qu’à Epsom et à Hen-