Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/145

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tamment à Bolobo, le dévouement intelligent et généreux avec lequel ces hommes et ces femmes de cœur s’occupent de l’enseignement professionnel des noirs et combattent leur ignorance, leurs misères, leurs maladies. Ils ont droit à toute notre admiration et à toute notre gratitude. Mais j’ai constaté aussi, — et le fait est d’observation générale, — que les indigènes qui se rattachent à ces missions se considèrent comme Anglais et que si l’on demande à un nègre protestant quelle est sa religion, il répond très ingénûment : « Je suis English. » Serait-il excessif d’exiger que des missionnaires étrangers, venus directement d’Amérique, d’Angleterre ou de Rhodésie, qui n’ont souvent aucun contact avec notre mentalité nationale, qui ignorent nos institutions et nos méthodes, soient légalement invités à faire la preuve de la connaissance du français, — ou si l’on veut (pour ne froisser personne) — la connaissance de l’une de nos deux langues nationales ? Aucun État, soucieux de son autonomie, ne souhaite voir se développer chez lui une influence étrangère, quelque sympathique qu’elle lui soit au demeurant. J’en dirai tout autant, avec la même franchise, d’une mesure qui fut arrêtée lors de son voyage aux colonies, par M. le ministre Franck et qui demeure toujours en vigueur : c’est le paiement à nos fonctionnaires et agents coloniaux d’indemnités spéciales, qui s’ajoutent à leurs traitements et qui sont calculées d’après le taux de la livre sterling et en tenant compte de ses fluctuations. Prendre une monnaie étrangère comme étalon de la vie matérielle d’un nombreux personnel belge, et intéresser ce personnel à la hausse de son cours, ne me paraît pas une formule heureuse, ni au point de vue national, ni au point de vue financier.