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mes vacances au congo

ajoutant, bien entendu, les dialectes indigènes, — l’ensemble de la population de l’Union, c’est-à-dire près de six millions d’habitants. Le problème, on le pense bien, ne va pas sans difficultés, d’autant plus que l’anglais domine manifestement dans les villes et dans le monde des affaires, tandis que le « dutch » ou vieux hollandais est surtout la langue des campagnes. Officiellement, — pour employer une métaphore hardie, à laquelle les Belges sont habitués, — les deux langues sont sur le même pied. Aux séances du parlement sud-africain, qui siège au Cap dans un palais dont les installations pratiques, — notamment la bibliothèque et les salles de réception, — sont de nature à faire envie aux représentants de la nation belge — l’emploi des deux langues est facultatif. Le pouvoir exécutif qui, lui, siège à Johannesburg, — à deux jours de chemin de fer d’ici, — fait usage des deux langues dans ses publications. Sur les trois universités de l’Union, l’une, — celle de Stellenbosch, qui compte de 500 à 600 élèves, — utilise le « dutch » comme langue véhiculaire de son enseignement. En politique, les intérêts de la langue hollandaise sont surtout défendus par le parti nationaliste. Celui-ci forme minorité avec les indépendants et le « Labour partij ». Il combat, en ce moment, les vues gouvernementales qui poussent à l’entrée de la Rhodésie dans l’Union.

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On comprend, à ce simple exposé, que les Sud-Africains s’intéressent volontiers aux conditions dans lesquelles le problème des langues se pose en Belgique. Ils ne parlent, d’ailleurs, de notre pays qu’avec une sympathie toute cordiale et très sincère, dont j’ai personnellement recueilli les preuves les