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MES VACANCES AU CONGO

ressource d’inscrire les souvenirs ou les légendes d’un passé lointain.

La traversée des solitudes d’Égypte fait surgir des âges reculés la vision des Pharaons et celle des Ptolémée. La Tunisie évoque les images d’Annibal et de Saint-Augustin. Ici, l’histoire est aussi inculte que la nature. Tout y semble neuf pour l’homme. Ce n’est que dans un passé tout proche de nous, et dont les témoins oculaires sinon les acteurs, ont à peine disparu, que la mémoire peut susciter les épisodes et les figures propres à animer ces mornes étendues.

Cette route que suit aujourd’hui le railway est une de celles où défila, pendant près de deux ans, lors du grand « trek » de 1835, l’interminable théorie des familles boers qui, pour échapper au régime nouveau introduit par la domination anglaise, s’en allèrent avec leurs chariots et leurs troupeaux, chercher des pâturages plus libres bien loin vers le Nord, au-delà de l’Orange et du Vaal. Ce fut un exode de près de dix mille personnes, auquel succéda la longue période des luttes poursuivies, dans ces territoires enfin choisis, contre la résistance des indigènes et l’hostilité du climat. Les tribus sauvages qui occupaient ces territoires transformés bientôt en république, furent décimées, et quelques-unes massacrées sans pitié. Tout le monde connaît ici les exploits des héros de cette épopée qui ne remonte pas à cent ans, — tel cet André Pretorius dont le nom a été donné à la capitale de l’Afrique sud africaine et qui, en 1838, avec 460 Boers montés, défit — paraît-il — une armée de 12,000 Zoulous.

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