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mes vacances au congo

les veuves et les infirmes. Les défrichements et les dessèchements élargissaient bientôt autour du noyau central l’aire des cultures et des négoces. Souvent, une abbaye remplaçait la chapelle primitive. Elle servait d’abri aux populations contre les incursions des barbares ou des Normands. Plus tard, une cathédrale surgissait de terre. La vie de la commune et la vie des métiers s’organisaient en marge de la vie religieuse…

* * *

Sur le lac Tanganyka, qui est plus grand que toute la Belgique, et dont la surface est à 772 mètres au-dessus du niveau de l’océan, tandis que sa profondeur atteint 1,800 mètres et sans doute davantage, un petit vapeur plein de bonne volonté nous conduit d’escale en escale. Il s’appelait jadis « Alexandre Delcommune », du nom d’un des premiers explorateurs belges de cette région si longtemps mystérieuse, où la tyrannie arabe fut enfin vaincue par Dhanis et ses compagnons. Aux premiers jours de la grande guerre, ce bateau fut tout à coup assailli par l’« Hedwig von Weissman », qui lui envoya galamment une bordée de 40 projectiles. Réduit à l’état d’écumoire, le pauvre vapeur coula non loin de la côte. Le voici renfloué et radoubé du mieux qu’on a pu. Il s’appelle aujourd’hui « Le Vengeur ». Il promène désormais paisiblement son pavillon belge sur cette mer intérieure, convoitée naguère par la « Welt-politieke », et ne doit plus compter avec d’autres ennemis qu’avec les vents du sud et les terribles lames de fond qui rendent cette navigation très mouvementée et parfois périlleuse. N’importe. Les flots sont d’une admirable limpidité et la haute chaîne des Marungu déroule sur la