Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
MES VACANCES AU CONGO

mes qui en assurent tous les services. Dans la première, le versement mensuel est de 15 centimes et l’allocation hebdomadaire est de 50 centimes à partir du quatrième jour de maladie. Les mutualistes du sexe faible sont déjà au nombre de 250. Elles reçoivent une prime de deux francs à la naissance d’un enfant et une allocation journalière à partir du quatrième jour. Les jeunes filles ont, elles aussi, une mutualité, destinée à leur assurer un trousseau en cas de mariage. À côté des écoles, un séminaire a été fondé, où j’ai entendu de jeunes noirs répondre en latin et en français, de la façon la plus sensée, à des questions de philosophie et d’histoire.

Tout ce monde se retrouve, le dimanche, dans la grande église. Rien de plus suggestif que le spectacle matinal de cette nef, envahie par un peuple noir, dont les visages forment une grande masse obscure sous les voûtes toutes blanches. Ce peuple chante et prie de toute sa ferveur. L’évêque coadjuteur officie pontificalement. Il a un jeune diacre noir parmi ses assistants. Mgr Huys est, auprès de Mgr Roelens, l’apôtre clairvoyant et inlassable du Tanganyka et du Kivu. Par son profil réfléchi et grave et sa haute taille émaciée, il évoque, à de certains moments, le fameux portrait de Richelieu que peignit Philippe de Champagne. Toute la sollicitude paternelle de ces grands moines ne va pas jusqu’à s’aveugler sur les défauts du peuple de Chanaan auquel ils ont voué leur vie. Ils en connaissent à merveille le bon, le médiocre et le pire. — et que la bonne méthode pour les civiliser doit être faite de justice, de patience et de fermeté.

* * *