elle s’assied sur le pied de mon lit, je lui dis devant elle tenant
les culotes entre mes mains qu’elles devoient lui être
etroites à la ceinture, et pour l’en convaincre j’allonge
les bras sous sa chemise, et je me laisse tomber sur elle.
C’eut été fait dans l’instant en tout honneur ; mais
par un fatal retour sur elle, par un mouvement peut
être involontaire d’un esprit ennemi de la nature qui anime
toutes les femmes de cette espece, elle s’avise de me
dire d’un aïr faché que je lui manquois que je m’oubliois,
et disant cela elle affronte une de ses mains contre sa ma
poitrine. Indigné par ce proceder, je me possede, je
me dresse, et je me punis à sa presence jusqu’à me
reduire en état de rien laissant tomber à ses pieds ce dont
elle s’étoit rendue indigne. Après cela je lui passe les culottes
qu’effectivement elle ne peut pas boutonner. Elle
dut se tourner si elle voulut que je les deboucle, et pour lors
j’ai vu qu’elle auroit pu encore facilement me calmer ;
mais je n’ai pas demordu : je les lui ai accomodées, et nous
finîmes de nous habiller. Je lui ai chaussé mes souliers,
et elle eut la mortification de voir que les siens m’alloient
lieu.
Deguisés ainsi, nous descendimes à la sale où un claquement de mains general nous mit d’abord de bonne humeur. Tout le monde me supposoit la bonne fortune que je n’avois pas eue ; mais j’étois bien aise de le laisser croire. Je me suis mis à la contredanse avec mon abbé que j’étois fort faché de trouver charmant. Juliette dans le courant de la nuit me traita si bien